[ Quand il faut... ]

Doucement, le jeune homme marchait, montant les marches. Mais vraiment doucement. Ce n’était pas la première fois qu’il foulait ces escaliers, et il savait ce qui l’attendait en haut. Chaque marche passée le rapprochait du moment fatal. Chaque marche passée retournait l’estomac de Will. Pourtant, rien ne passait dans son regard. Il était fermé, à double tour, comme le reste de son visage. Il savait que revenir après une si longue absence serait certainement mal vu.

Qu’est-ce qui l’attendait ? Des heures de colle interminables... Ou peut-être le renvoi, au pire. Will ne savait pas ce qu’il redoutait le plus, rester, ou partir ? Will fut plus vite en haut qu’il ne le crut. Ses pas étaient mécaniques, tandis que ses pensées l’emmenaient ailleurs. Alors, il arriva devant la porte. Ce qu’il y lit lui glaça le sang, et il eut du mal reprendre ses esprits. Il leva la main, mais elle resta en suspension, dans le vide. Il ferma les yeux, et respira longuement. Evidemment, il aurait été plus simple d’envoyer une lettre. Il n’aurait pas été obligé de subir le regard de la jeune femme. Ce même regard qui, quelques semaines plutôt, avait fait chavirer son cœur...

Oh... Du calme Will... En sortant, tu seras toujours vivant. Mais j’avais longtemps repassé les moments que j’avais passé avec Lindsay dans ma tête. Et cela m’avait tourmenté longtemps. J'avais revécus les moindres instants, jusqu’au bal... Ce bal... Je me suis promis de ne plus jamais inviter quiconque à un bal. Non, cela ne m’avait pas plut. Mais c’était de l’histoire ancienne.

Ce qui m’attendait là, ce n’était pas la Lindsay en robe noire et souriante. Non, c’était la Lindsay directrice, que j’imaginai dure et impitoyable. Comment réagirait-elle en me voyant ? Se souviendrait-elle au moins de moi ? Si oui, que verrai-je dans ses yeux bleus ? La surprise, la déception, ou l’ignorance ? Je sentais ma main trembler et perdre de son assurance. Je sentais que j’allais faire demi-tour d’un instant à l’autre, et partir à toutes enjambées. Mais je frappai trois coups, trois petits coups à la porte. Je ne pouvais plus faire demi-tour, et l’attente me semblait vraiment insoutenable.

Le regard de Will fixait obstinément la porte du bureau. Il se voulait impassible et impénétrable. Mais il était fatigué et éteint. Lasse... Il n’était pas prêt, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Bientôt, elle allait ouvrir la porte, et le moment de vérité aurait été sonné...

[ Up. ]